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Mails de lecteurs :
@TEVaquette bien reçu ! (@alexaloola1) @TEVaquette Une bonne chose de faite. #jenesuispascharlie (@zutperman) Je n'ai pas encore eu le temps de le lire, je rentre à peine, mais l'aspect extérieur est fort seyant. Toi et moi savons à quel point c'est important (M. H.) / Ça y est, c'est arrivé aujourd'hui, avec un petit mot et une dédicace de bon goût ! C'est impeccable, le livre est très Beau, à défaut d'être Grand. Mais je fais confiance au contenu pour l'être. Ça va être le swag (comme disent les jeunes) avec mon t-shirt "crevez tous" ! (Jay Sétra via Facebook) / J'en profite pour te remercier de ta diligence et de ton adorable dédicace (L. B.) / J'ai bien reçu ton bien beau livre (très beau, vraiment !). Merci beaucoup pour cette dédicace bien sentie (T. S.) / Bien reçu la bête, je t'en remercie. L'objet est cool en tout cas, ça fait pas cheap et mise en page sympa (C. S.) / Je viens de recevoir ton livre. Un bien bel objet, vraiment. Et au passage, j'en profite pour te remercier d'une part pour ta cassdédi, et puis (et surtout) pour ton utilité sociale (L. M.) / J'ai reçu ton livre, ainsi que les dédicaces qui m'ont bien fait fait rire (C.M.) / J'ai bien reçu ton magnifique brûlot, accompagné de sa dédicace fort cocasse (A. G.) / Merci beaucoup pour les dédicaces, c'est bien cool (F. L.) / Bien recu, merci ! Avant de l'avoir lu, je peux d'ores et déjà affirmer qu'il s'agit d'un superbe objet ! (I. G.) / Une fois de plus, très bel objet, soigné, qui montre qu'indépendance et professionnalisme peuvent très bien s'accorder ! (Y. J.) / Merci pour le fou rire, déjà ! 45 pages de dédicace, ça va être dur de faire mieux pour le prochain livre, tu peux commencer à bosser sur celle qui accompagnera la sortie de "Du champagne, un cadavre et des putes", elle sera prête pour la sortie (C. M-P.) / Je te remercie de tes dédicaces (sympathiques) qui montrent une qualité de service hors norme et qui transformeront cet ouvrage en collector inestimable quand le monde saluera enfin le génie de l'indispensable ! (Un peu comme l'exemplaire avec l'empreinte de Jean-Sol Partre.) Dans ce monde où tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire, dire la vérité ou penser autrement est en soi un acte de résistance (J-F. C.) / Trop cher Vaquette... Non en fait, ça va. « Trop cher » n’est qu’une façon de parler. 15 Euros pour un pareil livre, avec une couverture rouge flamboyante douce comme de la peau de fesse, c’est bien normal ! Sans parler des deux textes en bonus, et de la longue cacedédi sur deux pages m’invitant à un aller-simple pour l’Allemagne de 1930. Bref, colis reçu ! (D. L.) / J'ai bien reçu ton joli bouquin rouge, orné de sa fort cocasse dédicace (T. B.) / Mon @TEVaquette est arrivé ! Mon postier m'a regardé aussi bizarrement que s'il me tendait un pot de lubrifist. ;D (@GalthUbu) / Ce petit mot pour te remercier pour ma commande, elle est arrivée lundi et comme toujours présentée avec le plus grand soin et accompagnée d'une fabuleuse et drolatique dédicace ! Je tenais aussi à te remercier d'être là et de nous faire partager tes écrits, qui me paraissent vraiment nécessaires et indispensables ! (M. G.) / J'ai reçu le livre, je peux pas m'arrêter de toucher la matière de la couverture. C'est une matière à la fois poisseuse et addictive, on a envie de la manger tout en sachant que c'est une très mauvaise idée. J'imagine que c'est pas mal ça qui va se passer en lisant l'intérieur (L. S.) / Ma commande a été bien reçue aujourd'hui. Merci pour les dédicaces, celle du poisson d'avril me fait rigoler (JE SUIS CHARLIE, Je ne suis pas Vaquette) (C. M.) / D'abord, merci pour le service ! J'ai la fâcheuse habitude de commander des bouquins de révolutionnaire sur Amazon, comme un con. Alors c'est sûr, ça marche bien, mais c'est quand même des crevures, et c'est pas très personnalisé. Alors je dois avouer que j'ai trouvé la dédicace du plus bon goût, et ça m'a donné une autre image du livre tout d'un coup. Genre du circuit court, avec des gens au bout. Et puis sympa les marque-pages, j'en manquais méchamment ! (F. G.)
La lecture rapide des premières pages me rassure (non pas sur le talent et la qualité de la réflexion) mais ENFIN quelqu’un qui ne réagit pas sous le coup de l’émotionnel à ces « événements » (et c’est rare dans mon entourage) (N. A.) / Fini, et pas déçue ! Sauf peut être par les réactions. Je ne vois pas pourquoi "les gens" s'insurgent, même silencieusement. Tout ce que tu dis dedans est très vrai, très documenté, et très réaliste. Il faut ne pas être objectif (ou culpabiliser) pour y voir le mal. Fidèle à toi même, je crois, et aux valeurs qui m'avaient convaincues. Chose très étonnante pour moi qui ne suis pas portée sur le débat et sur les commentaires, j'avais envie de le commenter au fur et à mesure. (C. M-P.) / Ayé g fini !! ct vrément cool et vite lu en plus, kom un bon amélie nothon ! Dans un monde normal, on devrait p’têt' même trouver ce que tu dis aussi consensuel que ce que raconte la dame sus-citée. Mais comme le disait un de tes lecteurs, ce n’est peut-être pas surprenant pour des gens qui connaissent ton travail et partagent ton mauvais esprit, mais c’est éminemment rassurant, et plaisant, heureusement. Malheureusement, ce genre de livre prendrait tout son sens avec un minimum de publicité et d’écho populaire… Je partage ton point de vue et que j’ai vraiment du mal à comprendre comment les français peuvent si facilement tomber dans le panneau… Cela dit, c’est probablement euphorisant et rassurant de se sentir un ennemi commun à qui on peut imputer nos malheurs, ça reste ce qu’on a toujours fait de mieux pour ne pas regarder notre sale gueule dans le miroir… (C. S.)
Et puis voici que « l’indispensable Tristan-Edern VAQUETTE » (que je ne connaissais ni d’Éva ni d’Adolf, ni de Dave ni du côté de chez Swann, comme aurait dit Phil), me gratifie (sur les conseils de mon ami Noël Godin) d’un envoi comprenant un fort étonnant CD, Crevez tous (1er massacre) et d’un livre, Je ne suis pas Charlie, je suis Vaquette.
(...)
Son bouquin « écrit à la fourchette » comme l’a défini Jean-Marie, auquel je l’ai prêté avant de le lire moi-même, est assez
édifiant. (...)
Il a des couilles ce type !
André Stas (C4 Liège, été 2015)
“Je ne suis pas Charlie”, je suis de près Vaquette !
Vicomte de Gribeauval, Prince du bon goût, Tristan-Edern Vaquette sort de sa niche auvergnate pour aboyer de toutes ses tripes contre les moutons pucés Charlie, afin de les sortir du chemin qui mène à l’abattoir.
Après les attentats de janvier, ce suprême mauvais esprit, marque un essai pour comprendre les causes de l’hystérie collective. Tant, en effet, est surprenante la communion nationale spontanée autour des dessinateurs pacifistes (Cabu, Wolinski, Charb, Honoré, Tignous), aussi révoltés que Vaquette contre toutes les sortes de sabres et goupillons dont crèvent les humains.
Le chantage permanent à la peur du terrorisme se développe depuis la chute du mur de Berlin et se gonfle des incroyables dividendes empochés par les profiteurs de guerre. Organisateur de la manifestation de dupes ou de fripons pour une prétendue liberté d’expression, le pouvoir s’empresse de sanctionner la parole islamiste. Il va jusqu’à inculper pour des mots et faire condamner mineurs, alcoolos et imbéciles.
Pourquoi donc un tel rejet de la communauté musulmane ? S’agit-il d’excuser le GIGN d’avoir buté des adeptes de Kalachnikov ? Le code comportemental des jeunes de banlieues est-il compatible avec celui des classes dominantes saoulées de Marseillaise ? Le danger le plus préoccupant serait-il de tirer à balles (et plus) sur des enfants lanceurs de pierres ?
Chacun à sa façon, les frères Kouachi ou les marginaux irrespectueux et non arrosés par les thunes qataries, refuse l’obéissance, la soumission à un ordre social agressif, violent et injuste. Le principal contact avec les représentants de la République c’est les contrôles brutaux des policiers (dont il faudrait encore renforcer les effectifs).
Or, l’urbanisme et l’hospitalité à retisser exigent moins de police et plus de justice !
Respect, ami-camarade Vaquette, pour la cohérence dans le rejet du mensonge et l’exemplaire lucidité sur la patrie en danger !
René Burget (Journal de l'Union pacifiste de France)
Je ne me sentais pas vraiment Charlie. J'avais soutenu Siné contre le procès en hérésie antisémite qui lui avait été fait. Et je trouvais paradoxal, conséquemment, d'associer le Charlie Hebdo d'aujourd'hui à la liberté d'expression. Mais, je me suis laissé, comme beaucoup, gagner par l'émotion. Et puis, en tant que journaliste, je me sentais solidaire. Je ne pouvais pas ne pas aller manifester. Le jour J, j'ai ressenti un profond malaise en découvrant que la foule applaudissait la police et en l'entendant chanter la Marseillaise. Quelle farce !
Bref, je suis persuadé que ce livre était nécessaire.
(S. J.)
Attendez-vous à ce que je fasse abondamment la promotion de Vaquette ces prochains jours : il se trouve qu'il vient de sortir un petit livre très intelligent sur l'affaire Charlie, et que l'intelligence (face, dans le cas présent à l'hystérie et/ou au manichéisme mal placé), c'est bien de cela dont les France ont besoin.
« Je ne suis pas Charlie, je suis Vaquette » – c'est le titre – est un plaidoyer qui fait le tri entre Charlie Hebdo, Charlie Hebdo (celui des années 90/2000), ceux qui « sont Charlie » (puisque « être Charlie, c'est être Philippe Val : c'est utiliser cyniquement une marque rebelle en la vidant de toute sa substance » ; p. 26), et même ceux qui se « sentent Charlie-Coulibaly » (avec pour tous une certaine empathie). En outre, L'indispensablE s'offre avec douce provo – plutôt que de la demander poliment – la permission de ne pas être Charlie (ni flic ni juif, comme on l'a vu sur certaines pancartes) ; d'être grand et beau(©) face aux petits et laids(©), et offre une réflexion (il me semble inédite) face aux slogans des bien pensants et/ou des mal comprenants.
Si je ne devais faire qu'une seule chose pour vous encourager à découvrir cet opuscule de raison (et pas chiant à lire pour autant !), ce serait d'intégrer Vaquette dans la « caste des rares artistes véritables à avoir compris l'époque » (j'y place – très entre-autres – Nabe et Houellebecq, à titre d'exemple).
(Post sur le Facebook de Quentin Rouchet)
J'ai bien reçu il y a quelques jours ton salutaire pamphlet. Salutaire donc, car tout comme tes tweets m'avaient fait un bien fou au moment des attentats, me sentant moins seul d'un coup, je considère ton "je ne suis pas Charlie, je suis Vaquette", comme salutaire et je ne manquerai pas de le faire tourner à foison (comme je l'ai fait et fait encore d'ailleurs avec "Je gagne toujours à la fin"). Surtout au lendemain de la condamnation à 2 mois avec sursis (!!!) de Dieudonné (quoi qu'on pense de lui, là n'est pas la question) pour son tweet "Je me sens Charlie Coulibaly" et les réactions satisfaites d'un bonne partie de ces soi-disants "Charlie" qui ont pourtant défilé pour la liberté d'expression (et qui prouve de fait qu'ils ne la veulent pas).
(N. T.)
Cher Indispensable,
Un seul mot (1) pour débuter ce courrier : bravo !
(1) : ça a le mérite d'être court.
Pour être plus précis (parce que bon, soyons sérieux...).
Je viens donc de finir la lecture de "Je ne suis pas Charlie, je suis Vaquette" (bonus compris).
Sur la forme : rien à redire, tu t'en doutes. C'est du pur style Vaquette et connaissant ton travail, il faudrait vraiment que je sois maso (ce qui n'est pas le cas) pour continuer à te lire si ta plume n'était pas à mon goût (façon de parler, mais j'aime bien l'image).
Les digressions sont toujours les bienvenues et permettent d'alléger le propos. Note qu'il y a en plus un effet marrant : as-tu remarqué que lorsqu'on a entendu parler un auteur, par la suite c'est sa voix qu'on "entend" quand on le lit ? Chose impossible pour Victor Hugo mais inévitable avec les contemporains. Bref : ça m'a carrément donné l'impression de t'écouter en live.
Sur le fond, pour ma part je m'y retrouve complètement.
Pas sûr que ce soit le cas pour tous les gens qui te suivent, mais il y a une logique et une évidence. Les critiques sur ce qu'était devenu Charlie Hebdo, toi (et d'autres) les ont fait depuis longtemps et il aurait été hypocrite de venir verser des larmes de crocodiles sous le haut patronage de Val, Valls et Netanyahou !
Autant il est évident que rien ne justifie le fait de massacrer des gens à la kala, mais ce n'est pas une raison pour se sentir obligé de montrer sa compassion en hordes serrées de moutons, le doigt sur la couture du pantalon. La première chose à laquelle j'ai pensé devant la pantalonnade (justement) du 11 janvier, c'est ce qu'auraient pensé Choron, Reiser, et pourquoi pas Cabu et Wolinski : ils auraient été les premiers à pisser sur les manifestants ! Et surtout sur la tête de cortège des 50 enculés qui nous dirigent. Pouah !!
À quelques détails près, je me suis donc complètement retrouvé dans ton propos, et même si cela me semble du coup "évident" en ce qui me concerne, c'est utile parfois de formaliser tout ça par écrit (comme on dit : les écrits restent...) Et puis "Je ne suis pas Charlie", ça a de la gueule, en rouge, dans ma bibliothèque, héhé !
Les points d'analyse sur lesquels je diverge (difficile de ne pas pomper les calembours de Desproges quand j'écris ce genre de choses...) c'est l'affaire de Knysna et l'aspect particulier de l'islamophobie. Pour l'épisode grotesque des footeux en Afrique du Sud, j'avais surtout retenu l'arrogance de milliardaires qui font des caprices au lieu de mouiller le maillot. Dans mon entourage, même les plus footeux, c'est cela qui a choqué, et ce de manière complètement indépendante de la couleur de peau. Mais sur ce point précis, je donne mon avis personnel et subjectif, et il est vrai que je n'avais jamais envisagé (grosse naïveté de ma part) à la façon différente de voir l'évènement (ce que tu décris dans le livre).
Pour l'islamophobie : en fait, c'est un terme que je n'utilise pas. Tous ces mots en "phobie" me hérissent le poil : ce côté pleurniche + le côté "mode" où tout le monde veut jouer les persécutés... J'ai pleinement conscience que les musulmans en prennent plein la gueule de la part des médias (et de certains politiques) : venant des mêmes qui nous la jouent "vivre ensemble", c'est d'une hypocrisie bien puante. Mais d'autres personnes dégustent pas mal aussi : les "cathos" par exemple, systématiquement associés à des nazis et des pédophiles... De manière générale, le "bas peuple", celui qui bosse et qui trime, se fait, quoiqu'on en dise traiter comme de la merde par nos "élites" (hem hem...) et j'aimerais vraiment que l'on se retrouve tous, indépendamment des couleurs de peau et des religions, pour foutre sur la gueule au 1 % d'enculés qui eux n'ont pour race et pour religion que le pognon. Je sais, c'est un voeux pieux et encore une fois très naïf, mais j'ai tellement le sentiment que les mots en "phobie" nous sont imposés et nous conditionnent (diviser pour mieux régner) que j'évite de tomber là-dedans.
Cela dit, ça reste une critique sur la forme : j'ai bien conscience malgré tout du racisme qui divise la société, et je constate amèrement que cette tare est ce qu'il y a de mieux partagé au sein de l'espèce humaine. Voilà qui ne va pas arranger ma misanthropie maladive.
Bien à toi,
(A. J.)
Cher IndispensablE,
Je prends un peu de temps pour te faire un retour sur "Je ne suis pas Charlie". Comme je l'ai déjà dit ailleurs, le livre n'est pas Grand, mais il est Beau. Son contenu, lui, est très Grand.
Au moment de l'attaque, passé un bref moment de surprise, et, il faut bien l'admettre, d'ahurissement, la moutarde m'est vite montée au nez en voyant les réactions sur Twitter et Facebook. Ayant très vite précisé que je n'étais surtout pas Charlie, je me suis fait rabrouer par des personnes dont certaines que je pensais pourtant de bon sens (ou au moins de bon goût, mais force est d'admettre que j'ai été bien déçu ce jour-là : j'ai vu les défenseurs du "Charlie de Val" sortir du bois parmi mes connaissances). Le pompon a été lorsqu'un d'entre eux a réussi à te comparer à Charlie en me disant que si je n'avais pas de problèmes avec l’œuvre de l'IndispensablE, il ne voyait pas pourquoi j'en aurais avec Charlie (c'est marrant, je ne t'avais même pas cité). C'était trop. Après m'être roulé par terre dans mon vomi, j'ai décidé d'effacer mon statut Facebook pour éviter de me taper plus de conneries de ce genre et de rentrer dans le lard à tout le monde ; et j'ai viré de mes contacts tous ceux qui pouvaient arborer ce qui ressemble à du "Je suis charlie". Mon ulcère n'a pas besoin d'être entretenu, merci. Seul soulagement : ma famille n'a pas du tout été Charlie, même ma grand-mère !
Et là tu as commencé à twitter, puis à balancer tes deux chansons hommage à Charlie. Allégresse. Parmi les personnes "publiques" (artistes, auteurs...) que j'apprécie, j'ai vu trop peu de gens se revendiquer du "Je ne suis pas Charlie". L'annonce de la sortie de ton livre a été une grande nouvelle. J'étais véritablement heureux (et peut-être même un peu fier ?) de voir que l'IndispensablE non seulement n'était pas Charlie lui non plus, et encore plus de voir que tu allais consacrer un livre sur ce sujet, qui a trop peu été débattu.
Bref, je ne suis pas le premier à te le dire, mais je te dis un grand MERCI, un vrai remerciement sincère pour être resté droit dans tes rangeos et en plus d'avoir écrit ce pamphlet.
Sur le contenu lui-même, je n'ai pas grand-chose à dire. C'est du Vaquette, c'est génial. Je partageais déjà une bonne part de cette analyse mais je n'étais pas allé aussi loin. J'imaginais la vague du "Je suis charlie" servir à posteriori d'excuse à plus de répression des Arabes/musulmans et des lois sécuritaires, mais je n'avais pas vu ce que tu dis sur les codes comportementaux et les valeurs, et la vision du "Je suis charlie" comme l'expression d'une cassure déjà antérieure aux évènements. J'aime beaucoup. J'ai aussi beaucoup apprécié la "liste" de contre-arguments sur la fin. "Mon éditeur est un enculé" et "Vaquette fait la manche" sont à leur place dans ce pamphlet, j'ai trouvé. J'ai trouvé super cool la dédicace faisant référence à Poitiers, et comme le supposait Artémise, je suis effectivement un peu jaloux de la personne qui a eu une dédicace de 50 pages.
Pour résumer : c'est superbe, encore bravo. Ah si, il y a un bémol : une faute de syntaxe page... Nan, j'déconne.
Bref. Merci.
Je sais pas si on est nombreux, mais on attend "Du champagne, un cadavre et des putes" avec impatience. On attend "Crevez Tous : second massacre" en trépignant des pieds également ! Si Davy Crockett était l'homme qui n'a jamais peur, Vaquette est celui qui ne déçoit jamais. Et je m’arrête là parce que je dis des conneries...
Cordialement,
(J. S.)
Hello ami (non syndiqué - probablement),
Je suis embêté ; dès les première pages je sais que je vais être d'accord avec chaque idée, chaque principe voire chaque mot (j'aurais plus vite fait de me parler à moi-même).
Mais ça fait du bien de lire un texte qui remet les choses à leur place avec un soupçon d'objectivité !! et de discernement, même s'il n'est assimilé/partagé que par très peu.
Donc oui, ton livre méritait de retarder ton roman... si la multitude le lisait et le comprenait. C'est pas gagné d'intégrer la complexité !
Avec Toi et Fritz Zorn - à la fin de Mars : "Je me déclare en état de guerre totale."
@+ amitiés,
(J-F. C.)
Ami-Camarade L'IndispensablE,
J'ai bien recu le colis, il n'a pas été intercepte par les douanes volantes de Lille et je n'ai pas gagné mon pyjama orange pour me prelasser sur une plage bien privée de Cuba...
Avant tout chose, je n'ai pas fini la lecture et donc je te ferai parvenir ulterieurment mes impressions, mais à date, j'aime beaucoup mais tu prêches a un converti quelque part.
Je te l'avais probablement déjà mentionné mais je perçois "Je veux être Grand et Beau" comme un essai philosophique posant les bases de la rigueur vaquetienne, un peu comme le livre des 5 anneaux de Miyamoto Musashi. On retouve les memes principes exposés dans ton livre (je sais, la repetition est la base de l'apprentissage) mais appliqués à du concret.
L'autre chose qui m'a marqué est l'instrumentalisation de la peur omniprésente dans les "démocraties modernes". Ma vision des Etats-Unis n'est pas très belle non plus, mais je pense que c'est un pays sclérosé qui sous couvert de "progrès" (on revient à "Je veux etre Grand et Beau") perpetue une ségregation continue de la majorite de sa population. Apres le combat des droits civiques, ils ont reussi a faire ce que les Founding Fathers souhaitaient en premier lieu, construire un pays controllé par une minorite vivant sur le dos de la majorite (souveraineté populaire vs nationale). La ségrégation raciale a été facilement remplacée par la ségrégation economique, et par le fait meme, conservant les Afro-Américains dans la pauvreté mais aussi incluant tous les dissidents, la classe moyenne des autres ethnies. C'est super efficace comme système pour conserver le contrôle tant que tu offres des bonbons une fois de temps en temps (Super Bowl, le 1 % qui reussissent leur vie, 50 cents, Gramsci quoi). Depuis, c'est la regligion, qui dans un État laique, prend une place de plus en plus dominante. Mon cours séjour dans la Bible Belt a été très éprouvant, à être le seul mec qui le dimanche matin allait à la piscine au lieu de la messe... et très vite on a été écartés de tout semblant de vie sociale et ce, avant meme que l'on rentre dans les considérations politiques.
Et tout ceci est inculqué dès le très jeune age en focalisant les discussions sociales autour de sujets sans importance (sport, météo, etc.) et en reléguant toute argumentation comme étant le fait de dissidence... L'unite du pays est jeu ! Il faut que tu penses comme tout le monde sinon tout s'écroule...
Enfin, je vais retourner repondre au connard de reviewer numero 2 qui n'a rien compris à mon papier, c'est beau la science.
Cheers.
P.S. : merci énormement pour la dédicace, ma blonde m'a fait remarquer que je versais une larme en la lisant. Même en ayant eu que des contacts sporadiques avec toi durant les 10 dernières années, te rencontrer a quelque part eu un impact sur la personne que je suis aujourd'hui et ça je t'en suis reconnaissant,
(J. B.)
Cher Vaquette,
Je prends aujourd'hui mon beau clavier (c'est idiot en fait, il n'y a qu'avec toi que j'utilise cette formule) pour te faire part de ma réaction à la lecture de ton texte "Je ne suis pas Charlie, je suis Vaquette", que j'ai donc reçu hier (ça va être long, je te préviens).
Je ne sais plus qui a dit "votre livre est génial ; j'en ai acheté trois exemplaires, je les ai tous lus", mais je pense que ça résume assez bien mon sentiment quant à cette lecture. Je ne vais pas écrire cinquante lignes de thuriféraire : tu sais que j'aime ton travail ; je m'attendais à ce que ce soit bien, et c'était bien — peut-être pas le meilleur et le plus percutant de tous tes textes, mais parfaitement dans l'ordre de grandeur de qualité à quoi le label "Vaquette" a habitué son public. Je ne vais même pas faire appel au vieux cliché du "pour un truc sur le pouce, c'était pas mal", alors que justement, pour un "truc sur le pouce", c'était autrement meilleur que ce à quoi on aurait pu s'attendre — du moins si on ne connaît pas ton niveau d'exigence et qu'on s'imagine naïvement que tu puisses rendre un travail bâclé.
Donc, le texte, c'était ce à quoi je m'attendais (contrairement par exemple au premier numéro du magazine de Nabe, "Patience" — très bien écrit, la question n'est pas là, mais que j'avais commandé sans comprendre de quoi il parlait — le site disait "entièrement consacré à Daesh", sauf que comme je n'avais pas du tout suivi l'actualité du point de vue français, j'ignorais que "Daesh" c'était l'acronyme français en vigueur pour ce que moi je connaissais sous le nom de "ISIS" — la surprise a donc été de taille. Mais entre ça et ton texte, si je ne suis pas encore sur une liste des RGs, c'est que nos gouvernants sont vraiment incompétents).
Ce qui est important, plus que la qualité du texte (j'entends, dans la mesure où pour celle-ci, je n'en attendais pas moins), c'est que ce pamphlet, et avant cela les tweets qui l'ont précédé, sont venus comme un précieux réconfort en ce 7 janvier et dans les jours qui ont suivi, et qui ont été assez traumatisants.
Non pas à cause de l'attentat lui-même. Au moment où ça s'est passé, j'étais sur trois chats anglophones [non ce n'est pas de la zoophilie] (ce qui en général a entre autre pour avantage de me permettre de filtrer la plus grande part des aspects navrants de l'actualité française, tout en parlant quand même à des gens). Soudain, sur l'un d'entre eux, on me demande "hey, are you alright? you're in Paris right?" J'en ai déduit qu'il s'était passé quelque chose à Paris, sans doute un attentat ou un accident grave, mais comme ça ne m'intéressait pas, j'ai juste gentiment dit à la personne que tout allait bien, que je n'étais pas sur Paris-même, et je suis passé à autre chose. Pas longtemps. Dix minutes après, sur le deuxième chat, ça repart. Puis finalement, sur le troisième chat, quelqu'un a parlé plus en détails de ces *événements*, et il a donc bien fallu que je m'intéresse quelques minutes à *l'actualité*.
Le premier constat, c'est que tout ça me laissait indifférent : je n'ai ressenti aucune peur, aucune colère ; le concept, le mot de "terrorisme" n'avait plus sur moi aucun effet pavlovien — là je me suis dit "ça y est, je suis sauvé". Quand j'ai fait part de cet état d'esprit aux anglophones qui me parlaient, j'ai eu le droit à des "you guys are so brave, taking this so stoically" et "I guess when your country is regularly targeted by terrorists, you sadly get used to it" (non non les gars, je vous rassure, c'est seulement moi, les autres franchouilles ils font dans leur froc ; quand aux attentats fréquents, faut pas déconner, on n'est pas (encore) au Pakistan ou en Irak). La seule pensée qui me soit venue spontanément, je te jure que c'est vrai, tu vas rire, c'est "les djihadistes auraient au moins pu tuer Val et Fourest" — évidemment quand tu as tweeté la même chose un ou deux jours plus tard, j'ai bien ri, mais j'ai aussi été jaloux : ce que moi je me suis seulement risqué à penser, toi tu as osé l'écrire.
Mais quand j'ai vu l'hystérie collective monter à une vitesse inouï (alors qu'un mois plus tôt, quinze personnes avaient trouvé la mort à Grozny dans un acte terroristes aux circonstances étrangement similaires, sans que cela ne déchaîne la moindre émotion internationale), j'ai tout de suite dit non, j'ai tout de suite écrit "je ne suis pas Charlie", au risque d'être confondu avec Soral, sur quelques forums et quelques espaces personnels. Je ne l'ai pas dit fort, je n'ai pas insisté, mais je l'ai dit tout de suite, et je ne me suis pas rétracté — avec une nuance de taille : je ne fréquente presque que l'internet anglophone ; pas sûr que j'aurais échappé aux volées de bois vert si j'avais tenu le même discours dans un espace davantage franchouillard. Mais dans le même temps, il y a eu autour de moi plusieurs trahisons qui m'ont beaucoup heurté.
Je vais faire une longue digression pour te parler un peu de l'histoire de ma famille ; ça risque d'être chiant et vulgaire, sans parler de l'aspect délatoire, mais c'est un contexte nécessaire pour comprendre l'ampleur de mes déceptions et en quoi ton texte revêt une grande importance pour moi.
Un de mes arrière-grands-pères s'appelait Emilio XXX, il était espagnol (plus précisément, catalan). Il a mené un début de vie assez normal pour un prolétaire/classe-moyenne embryonnaire de l'époque (nous sommes au début du vingtième siècle) : éducation républicaine et catholique, apprentissage et mariage selon les souhaits des parents. Puis un jour, subitement, il en a eu marre, et il a tout envoyé balader, parents, femme et boulot, et il est devenu anarchiste ; il s'est engagé dans à la CNT espagnole, et s'est mis en concubinage avec une nouvelle compagne pour vivre selon ses nouveaux principes. Ils ont eu plusieurs enfants, dont mon grand-père, le bien-nommé Liberto XXX.
Il faut s'imaginer que c'était un anarchiste particulièrement extrême : il ne croyait pas à l'école, et donc n'y envoyait pas ses enfants ; il ne croyait pas non plus au travail, et donc refusait tout boulot salarié ; la seule source de revenus du foyer, c'était (il me semble), les paniers en osier que fabriquait et vendait sa femme. Autant dire que tout ce monde vivait dans une misère assez noire — à l'origine, mon grand-père, Liberto, avait un frère jumeau, mais ce dernier est mort dans la petite enfance.
Une anecdote veut qu'un jour, alors que lui et sa famille souffraient de malnutrition, un parti local (je ne sais plus s'il s'agissait des républicains, des communistes, ou même des phalangistes) a envoyé plusieurs camions remplis de légumes chez Emilio dans l'espoir de l'acheter (car c'était un leader syndicaliste influent, semble-t-il). Il a dit "non", il a renvoyé les camions. C'était ce genre-là.
Là-dessus, la guerre civile espagnole se déclare, et après la victoire des nationalistes, Emilio et sa famille n'ont d'autre choix que de quitter le pays, et ils se retrouvent donc réfugiés… en Algérie française, juste à temps pour l'occupation ! Emilio n'a pas trop eu à se poser la question de la résistance ou de la collaboration, puisque lui et sa famille se sont retrouvés en camp de concentration pour apatrides jusqu'à la libération…
Après la libération, puisqu'on ne pouvait pas les renvoyer en Espagne, on leur a généreusement donné la nationalité française, et ils sont donc devenus pieds-noirs — mais pas pied-noir riche agriculteur avec la plantation d'oranges sur cinq hectares, plutôt pied-noir miséreux qu'on case à Oran dans un immeuble pourri à côté de quoi les HLM de la banlieue Est, c'est le grand luxe moderne.
Mon grand-père Liberto grandit et épouse une Corse avec qui il entreprend de fonder une famille, ce qui implique aussi de trouver du travail — pas évident quand on n'a pratiquement pas été à l'école. La seule opportunité d'emploi à ce moment c'était… les forces de police. En temps normal, il aurait été bien sûr impensable pour ce fils d'anarchiste, anarchiste lui-même, de s'engager dans la police, et il aurait été de même impensable pour la police française de l'époque d'engager un anarchiste notoire. Sauf que, d'une part mon grand-père avait vraiment besoin d'un boulot pour nourrir sa famille, et d'autre part, on était maintenant dans les années cinquante et la situation en Algérie commençait à chauffer, si bien que la police ne pouvait plus se permettre d'être très regardante sur les embauches.
On a trouvé un accord : le policier XXX ne se verrait affecter que des taches administratives subalternes, loin du front et des salles d'interrogatoire, mais en échange, il devait s'abstenir de parler d'anarchie à ses collègues.
En 1962, l'Algérie acquiert son indépendance parce que, malgré la victoire militaire, de Gaulle n'était pas enchanté par la perspective démographique d'une France où un habitant sur trois serait un bougnoule, et donc Liberto et sa famille (parmi eux sa fille, ma maman) traversent à nouveau l'exil et se retrouvent cette fois en France métropolitaine, d'abord à Marseille (où la population locale a accueilli chaleureusement les pieds-noirs en accrochant dans le vieux port une bannière où on lisait "les Arabes à la mer !" [les "Arabes" ici, c'était les Français d'Algérie]), puis à Paris.
Or, policier à Paris dans les années soixante, ce n'était pas non plus l'idéal comme situation pour un pacifiste comme Liberto. Reniant leur parole, ses supérieurs l'ont de plus en plus envoyé sur le terrain pour taper sur les étudiants, les chômeurs et les syndicalistes. C'était ça ou se retrouver sans emploi. Évidemment, ce chantage a beaucoup éprouvé Liberto, et finalement, en plein mai 1968, il s'est suicidé avec son arme de service lors d'une patrouille, et a laissé cette note : "ce ne sera pas un suicide, ce sera un assassinat."
[ce dernier épisode ne fait pas partie du folklore familial : je l'ai découvert en lisant un scan d'une coupure de journal en espagnol]
Malgré tout ça, ma maman grandit dans cette culture anarchiste, et en garde un certain esprit d'impertinence et de non-conformisme. Elle vient d'une famille anarchiste où on était malgré tout catholiques, et elle est donc baptisé. Mais elle hésitait à faire sa communion ; pour tenter de la convaincre, une de ses tantes lui a dit : "mais ma chérie, si tu ne fais pas ta communion, tu n'auras pas tes cadeaux". Et ça, ça a été la goutte d'eau : à partir de là ma maman a catégoriquement refusé de faire sa communion, et elle est devenue assez anticléricale.
De même, grandissant dans la jeunesse des années soixante, imprégnée de culture "gauchiste", elle lisait Aragon, Hara-Kiri puis Charlie-Hebdo, mais aussi Céline ; et quand ses camarades lui disait qu'il ne fallait pas lire Céline, que c'était *mal*, elle répondait simplement "je vous emmerde". Puis, devenue adulte, elle épouse mon papa (un musicien de jazz) et se trouve rapidement un petit boulot de secrétaire, dans l'antenne française d'une boîte d'avocats américains. Là, son patron remarque qu'elle maîtrise plutôt bien le sujet, et lui suggère de faire des études de droit. Ce qu'elle fait, tout en étant enceinte de moi.
La suggestion paye puisqu'elle devient alors avocat d'affaires dans une boîte américaine, et par son talent devient progressivement l'un des piliers du bureau parisien de cette compagnie. Évidemment, elle fait partie des gens que le militant syndicaliste de base voit indistinctement comme des salauds d'exploiteurs, mais dans les faits, sa position privilégiée dans sa boîte lui permet de choisir les contrats sur quoi elle bosse, et donc d'appliquer un minimum de standards éthiques (elle bosse plutôt sur des projets de développement des infrastructures en Afrique ou d'énergie renouvelable que sur la construction de prison ou l'élaboration de schémas financiers douteux) — j'aurais de toute façon du mal à lui jeter la pierre, vu qu'elle bosse beaucoup plus que 35 heures par semaines, que son travail est exaltant mais difficile, et que surtout, que l'argent qu'elle gagne me permet à moi de vivre dans un grand confort et à l'abri de bien des problèmes à quoi doivent se confronter la plupart des gens.
Et pourtant, malgré tout ça, ma maman a dit avec les autres "je suis Charlie", elle est allé défiler le 11 janvier avec tous les autres, elle a pris un abonnement à Charlie Hebdo "en soutien", comme tous les autres. Pour elle, les frères Kouachi, ce sont simplement des pions manipulés par de "riches religieux yéménites". Pour elle, c'était bien la liberté d'expression et les valeurs républicaines qu'on a attaquées.
Première trahison, mais il y en a eu une deuxième. Il se trouve que j'ai aussi un cousin, le fils du frère de ma maman, donc issu de la même "lignée" anarchiste. C'est loin d'être un imbécile, c'est un type qui lit des essais, qui a lu Bernanos (pas les romans, mais quand même), qui a beaucoup voyagé, et qui surtout n'est pas un mouton : il aimait Dieudonné avant les scandales, il l'aime toujours maintenant et ne se gêne pas pour le dire.
Mais c'est aussi un "humoriste", dans le doublement mauvais sens du mot ; d'abord parce qu'il ne prend rien au sérieux, ce par quoi j'entends non pas qu'il a le sens des proportions et du ridicule, mais bien qu'il est impossible d'avoir une discussion approfondie avec lui sur quoi que ce soit — il aime bien le cinéma japonais, par exemple, mais si j'essaye de lui demander quelque chose sur Ozu ou Mizoguchi, il me sort des vannes au lieu de répondre à ma question. Et ensuite parce que c'est son métier : il est un des créateurs du XXX, un site d'humour "grinçant" "à la française" (c'est à dire embarrassant et inoffensif).
Et puis surtout, la notoriété du site web aidant, il s'est finalement retrouvé à faire des chroniques humoristiques dans le Grand Journal, sur Canal +, avec donc une certaine audience (mon cousin, c'est XXX, des fois que tu en aurais entendu parlé — je te rassure, je ne regarde pas la télé non plus et jusqu'à récemment je n'avais pas vraiment idée de sa notoriété, mais comme c'est mon cousin, je reçois nécessairement, de gré ou de force, des échos de son travail).
Et sa réaction aux attentats, ça a donc été de faire, une chronique "très violente, très osée" pour "se foutre de la gueule des terroristes et de l'islam" (je ne l'ai pas vue, c'est comme ça qu'on me l'a vendue). Il faut effectivement beaucoup de courage pour dire à l'antenne, à une heure de grande écoute, des trucs avec quoi 99.99% des français sont d'accord ; mais attends, la suite est encore meilleure : il voulait faire une deuxième chronique sur le même sujet, "encore plus violente", paraît-il… et ses parents l'en on dissuadé, non pas par respect pour les musulmans, non, mais de peur qu'il ne s'attire les foudres des islamistes ! Et donc il ne l'a pas faite ! Un deuxième niveau de lâcheté dans la lâcheté, avoue qu'il fallait le faire !
Donc, ces quelques jours après le 7 janvier, j'ai ressenti une grande, très grande solitude, je me suis sincèrement demandé si je n'étais pas le seul abruti de France à ne pas avoir compris le film. Et alors, de voir que ma ligne de pensée était en accord avec la tienne, non pas *après* t'avoir lu, comme j'aurai eu d'abord pensé comme tout le monde pour ensuite changer d'avis seulement après avoir consulté mon maître à penser, mais bien, *avant* de t'avoir lu, *spontanément*, ça m'a quand même un peu rassuré sur l'état de ma santé mentale.
L'ironie suprême dans cette histoire c'est que, hormis les vaquettiens et les nabiens (et la plupart des étrangers qui en fait n'en ont pas grand chose à foutre), les seule personnes à qui j'ai parlé et qui ne soient pas complètement dupes de cette immense imposture nationale, ce sont les petites cliques de conservateurs/anars-de-droite que je fréquente aussi, et qui sont paradoxalement bien plus au fait que le français moyen de la nature des mensonges autour d'Israël et des musulmans.
Donc voilà, merci à toi de ne pas avoir trahi, merci d'être resté fidèle à tes principes, à ta cohérence, et à ta lucidité — non pas qu'à aucun moment j'ai cru que tu puisses trahir, mais tu es tout simplement le seul que je puisse remercier de la sorte, puisque tous les autres sont passés à l'ennemi.
Je me suis toujours vu comme un lâche, comme un être vile et égoïste, près à beaucoup de bassesses et de compromis pour préserver mon confort. Mais je constate qu'alors que l'étau de la liberté en France se ressert de plus en plus sensiblement, je continue de tenir le même discours — calmement, sans trompéter, sans attirer expressément l'attention sur moi, mais malgré tout, un discours qui est de moins en moins propre à garantir ma tranquilité.
Donc voilà, je crois tu fais partie des rares personnes qui me poussent, à mon niveau très modeste, à conserver à minimum d'intégrité, à rester fidèle à des principes qui pourraient bien finir par me valoir des ennuis (enfin, je ne suis pas naïf au point de croire que je vais accéder au martyr — je sais bien qu'être simplement ignoré, boycotté et censuré en silence est une issue beaucoup plus probable) ; et pour cette raison, au delà de ce simple texte, il faut que je te dise encore une fois merci, parce que franchement tu le mérites.
Tu le mérites au point que j'ai commandé cinq exemplaires de ton pamphlet sans même savoir ce que je ferai des quatre autres, c'est dire !
Bon courage et bonne continuation !
(P. B.)
Attention ! Ce mail a provoqué une réaction virulente d'un lecteur qui m'a demandé de la publier. Cela ne me semblerait pas cohérent avec mes principes de ne pas le faire, j'ai donc mis la réponse en question sur cette page.
Je n'avais pas compris que le carton que je déchirais ne contenait pas ton roman mais un pamphlet. Première réaction après mise en bouche : sensation de nausée. Je ne suis pas dans le déni mais là il y a overdose de folklore. Enjouement zéro...
Je joue quelques minutes avec le papier bulles. Allez, c'est parti !
Niveau virulence : mon affect reste distant. Ça ne me donne pas des ailles mais ma sensation de gerbe se dissipe. Ouf ! J'aime le concept de Bougnoule. Ça me fait marrer. A l’intérieur c'est en mode : mm Oui mm Ok. Mmm ah? « L'hypothèse d'une manipulation des médias a ses limites. ». Je relis une seconde fois. J'accepte cette entrée (d'façon je n'ai pas le choix).
°°°Divagation : Et là je me souviens d'une discussion avec un camarade Bougnoule. Non pas Bougnoule. D'un camarade de téci qui m'expliquait la colonisation, le racisme de l'homme blanc comme le résultat d'un complexe lié à la taille du phallus. Conclusion : si toute bite est de taille égale, plus de peur, plus de besoin de dominer, plus d'ambition. Le paradis terrestre ! Seul un tel complexe enfouit dans l'inconscient collectif peut déplacer les masses ? Haha!, je ris.°°°
Un peu de sérieux s'il vous plaît. Je continue ma lecture. Ok, ok, pédagogie/répétition, nimp, bla, bla, bla, « Pourquoi interdire l'un et glorifier l'autre ? », mmm c'était la première réflexion de mes collégiens en ce matin de 12 janvier. Je les imagine avec ce bouquin.
°°°J'ai tenté l’expérience. J'ai apporté le petit livre rouge au collège. Ça les intriguait mais pas de question. Ils en ont assez pris sur la gueule.°°°
Constat : Ce texte ne m'est pas destiné mais il est nécessaire.
J'ai grandi dans l'idée que le siècle des intellectuels est révolu. C'est ce qu'on nous apprend à nous, petites bougnoulettes de banlieue. Ré-vo-lu.
°°°Divagation : « La Fraaaance ! » Les vieux z'avaient des étoiles plein les yeux. Il les connaît trop bien mon papa les histoires de France. Pis on nous offre du vulgaire, des concepts creux. Aucune légitimité pour exprimer notre pensée critique. Par contre on est légitime pour foutre le zbeul. C'est notre petit cachet ^^ qui ne sera bientôt plus, dans un futur aseptisé. Alors autant en profiter ?°°°
Merci Vaquette. Ça fait du bien de savoir qu'il existe une trace et qu'un jour les petits-enfants que je n'aurai pas écarquilleront leurs iris sur ce texte concis, témoignant des processus qui alimentent actuellement la doxa française. Un souffle essentiel. Houhouhou.
Ce texte ne m'est pas destiné mais il est nécessaire. Moi j'ai besoin de poésie, de fulgurance (un suicide à la fin ou minimum une scène de boule.)
Big up rho, tu gères !
(M. A.)
Bonjour à toi l’Indispensable,
J’ai bien reçu – et lu – ton opuscule anticharliesque, et avant ça j’ai visionné TOUTES tes vidéos en ligne sur la censure.
Je t’ai retrouvé en super forme, et pas accablé du tout par le « grand âge », même si cette question semble à tort te préoccuper. Oui, tu restes fidèle à toi-même, avec les mêmes + et les mêmes -. Les +, indéniablement l’exigence, l’intelligence, le courage, la persévérance, l’innocence aussi, et les -, les mêmes qualités dans leur variante négative : intransigeance, suffisance, entêtement, naïveté… Bon, je ne cherche pas du tout à t’être désagréable ici et à rééditer notre petite prise de bec ancienne. C’est au contraire animé d’un esprit bienveillant et – je crois – constructif que je reviens vers toi. Cela concerne surtout tes vidéos et leur potentiel.
Mais d’abord ton petit livre :
Beau texte, plume alerte comme à l’accoutumée, nourrie de la prose des grands auteurs par la clarté, la respiration des phrases, le lyrisme… Beaucoup considéreraient ton style d’expression comme presque désuet aujourd’hui, signe hélas d’un abaissement du niveau de langage. J’aime aussi cette vitalité, cette énergie propre au pamphlet, un exercice où clairement tu excelles. Pour ce qui est de ta démonstration, elle est rigoureuse, quasi scientifique, irréfutable sur le papier, sauf – à mes yeux en tout cas – qu’elle me semble manquer d’humanité, de « pâte humaine ». Une société n’est pas traversée que par des idées mais par des sentiments, bons, mauvais, indécis, sujets à d’importantes variations selon les circonstances, personnelles ou collectives… Moi non plus je ne me sens pas Charlie, si on parle du journal. Je préférais de loin Hara-Kiri ou l’ancien Charlie. Il n’empêche que Cabu et d’autres étaient encore là et que je les estimais beaucoup, donc j’ai été touché évidemment, sans compter la violence de cet attentat. Je crois qu’on ne peut raisonnablement pas se plaindre que les manifs du 11 janvier aient rassemblé autant de monde (et pas seulement en France !). Résumer ça en disant que les gens voulaient seulement exprimer leur ras-le-bol des bougnoules, bon… Je te rejoins complètement sur le constat d’une réduction continue de la liberté d’expression dans notre pays, du fait des lois mémorielles, des associations diverses, de l’auto-censure surtout mais ces idées de « contrôle social » me semblent un peu à côté de la plaque. Idem pour le « deux poids, deux mesures », qui existe mais qu’il ne faut pas exagérer. J’ai l’impression par moments que tu as une vision un peu fantasmée des Juifs, même si tu n’es pas antisémite. Je baigne pour des raisons personnelles dans un milieu « juif », et ce que tu dis par moments est non seulement assez pénible mais ne correspond à aucune réalité. Bien sûr que le CRIF, la LDJ, Anne Sinclair, la politique israélienne sont très antipathiques, mais il y a aussi des centaines de milliers de Juifs en France qui se sentent français, attachés d’abord à la France, et surtout très divers dans leur idées et leur ressenti. Je sais pertinemment que l’antisionisme n’est pas l’antisémitisme mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que l’insistance de certains à dénoncer Israël – quand il y a tant d’autres causes à défendre dans le monde – est souvent un paravent pour masquer la haine séculaire des Juifs.
Il n’empêche que ton ouvrage est salutaire dans ses grandes lignes, qu’il fait réfléchir, et qu’il met le doigt sur ce phénomène inquiétant qu’est le déclin de la liberté d’expression, de l’esprit de transgression, de rebellion… Pour des raisons essentiellement d’autocensure ; c’est la conclusion à laquelle – honnêtement – tu arrives dans tes vidéos quand tu évoques ta carrière supposément ratée.
Bon, je trouve ces vidéos souvent super intéressantes, notamment celles où on approche au plus près la cuisine peu ragoûtante de cette fameuse censure, mais mon propos se veut tout autre, et d’abord constructif, comme je le dis au début. Au visionnage de ces vidéos, donc, je me suis dit que cette forme d’expression te convient à merveille, que tu gagnerais à en peaufiner le concept. D’abord on découvre chez toi des qualités pas évidentes dans tes autres formes d’expression, comme la sympathie, la complicité, la simple humanité… autant de qualités qui ajoutées à celles qu’on connaît, ton intelligence, ton goût pour les beaux textes, ta singularité peuvent produire quelque chose de très fort, apte à toucher un public bien plus large. Je t’imagine assez bien t’adresser aux gens sur les sujets les plus divers, à travers des monologues à la fois très préparés et donnant l’impression de l’improvisation. Quelque chose de très libre dans la forme et le fond. En vrac, tu pourrais lire des textes d’auteurs, intevenir sur l’actualité, chanter, philosopher, ironiser, dénoncer, vulgariser aussi des notions scientifiques… Ton parcours atypique, ton personnage, auraient tôt fait de t’attirer un public large sans être crétin. Ce serait l’occasion, selon moi, de t’affranchir d’un discours et d’un milieu groupusculaires qui ne t’a pas rapporté grand-chose. Et ceci, sans une once de renoncement ou de compromission. Tu serais toi-même avec toutes tes facettes. Je pense vraiment qu’au lieu de nourrir une certaine aigreur (très malvenue), tu devrais bien plutôt user de tes qualités, restées intactes, pour t’ouvrir de nouvelles perspectives. Cela aiderait en outre à la promotion de tes productions littéraires, ou de tes spectacles.
Je lirai d’ailleurs volontiers ton prochain roman.
Reçois ce message comme tu voudras…
(F. R.)
Ami-camarade Tristan-Edern Vaquette,
J'ai longtemps hésité avant de t'envoyer ce long mail... Je n'avais pas envie de me retrouver publié sur la compilation des mails, encore moins envie d'y risquer un droit de réponse cinglant parce que je me raconte un peu (trop)... Mais ce soir, j'apprends que Radio libertaire te bannit pour de bon. Tu t'en sors avec panache, comme toujours, « les défaites des hommes seuls sont plus belles que les victoires des bureaucrates », mais ça doit faire un peu chier quand même... Alors je t'envoie finalement ce long mail. Si tu n'as pas le courage de le lire jusqu'au bout, je te résume l'essentiel ci-après : ton « Je ne suis pas Charlie, je suis Vaquette » est un livre nécessaire, nécessaire à la liberté d'expression dont on rêve, quand on écrit, dessine, peint, chante, danse, quand on choucroutise un peu. Le reste suit...
Tu étais curieux, impatient, avide presque sûrement, de retours divers quant à ton nouvel opus, brûlant brûlot tout chaud de l'imprimerie sorti ; voici le mien, forcément partiel, forcément partial, mais je prends ma plume virtuelle pour ces quelques lignes t'adresser. (J'aurais été plus en forme, j'aurais tenté de le faire en alexandrins, mais fin d'hiver, pics de pollution, début de timide printemps, font que de courage ces jours-ci point.)
J'étais impatient de lire cet opuscule, car je me demandais ce que tu pouvais bien vouloir entendre par ton « Je ne suis pas Charlie » ; j'avais bien sûr entendu tes hommages drolatiques, je les ai même e-mailés aux plus éclairés de mes correspondants, j'avais vu passer tes tweets où tu exprimais déjà cette non-appartenance à tous ces charlots de Charlie (plusieurs millions de personnes pour une rédaction qui ne tirait plus qu'à 60 000, ça fait beaucoup pour de si petits locaux) et du coup je me demandais bien de quel objet littéraire, au-delà de tes pochades chansonnières très vaquetiennes, tu allais bien pouvoir accoucher.
Moi aussi je pourrais faire mon autocritique et avouer que j'ai presque été Charlie, j'ai pleuré Cabu (le Duduche, merde, ma jeunesse, récré A2)... Et les autres... Mais j'ai pas applaudi les flics. Je reste droit dans mes rangeos de ce côté-là, je n'ai pas besoin de me retrouver avec 10 000 inconnus sur une place publique pour pleurer, et mon deuil je le fais seul, ou accompagné de ma plume, ma bite, mon couteau et mon clavier d'ordi, parfois même de mon clavier Bontempi. Et je n'applaudis pas les flics, ça non, déconne pas. "L'ordre sans le pouvoir." Putain qu'est-ce que ça serait bien...
J'avoue si je n'ai pas arboré l'icône « Je suis Charlie », j'ai mis un fond noir sur ma peu consultée page de profil Faceprook, j'ai changé mon avatar avec un dessin de Reiser. Sur Twitter non plus, je n'ai pas cédé au charlisme ambiant, mais habitant dans le 11e, j'avoue avoir quand même commis un texte s'intitulant « Nous sommes Charlie », car le 7 janvier, ce n'est pas par les médias que j'ai appris qu'il se passait quelque chose d'inhabituel dans le quartier mais bien par les détonations qui ont résonné à deux pas du Pôle Emploi dont je sortais au même instant. Le temps de comprendre et j'ai couru, mais si tu veux le récit exhaustif, tu pourras le trouver sur mon embryon de blog.
J'ai commis cet article intitulé « Nous sommes Charlie » mais je ne pense pas qu'il ait le même sens que celui de ces millions d'énucléés du bulbe, dont certains arborent encore sur leurs rézosocios préféré le petit panneau, conforme, copié puis collé.
J'ai commis cet article en essayant d'éviter la posture de survivant ou de vétéran que certains auraient pu arborer dans la même situation car je ne suis qu'un passant anonyme, choqué, mais même pas visé. Heurté mais même pas embarqué par un sapeur pompier. Trop loin de la scène pour passer au JT et m'apitoyer, dans une grande envolée lyrique, j'aurais pu dire que j'avais senti le souffle des balles perdues.
J'ai commis cet article dans un but essentiellement cathartique, parce que jamais je n'aurais imaginé devoir courir dans mon quartier pour éviter des balles en provenance de la kalash d'un fanatique farfelu.
J'ai commis cet article mais l'ai terminé par « Ils vont gagner. » Quelques amis m'ont raillé, eux, ils étaient Charlie, pour de vrai, aussi vrais que furent la quinzaine de jours qui s'ensuivit, et ils m'ont raillé. « Qu'est-ce tu veux dire avec ton ils vont gagner ? T'es pas fou ? Regarde ce soir, descends : la place de la République est noire de monde, et pis attends dimanche, tu verras, on va leur faire peur aux terrorix tellement qu'on sera nombreux... » Et je suis tombé sur l'article de Schneidermann (http://www.arretsurimages.net/chroniques/2015-01-07/Cabu-et-les-autres-un-11-septembre-intime-id7356) se terminant par : « Quiconque ne partagera pas sans réserve l'horreur du carnage de ce matin sera tout simplement, désormais, un ennemi. » WTF ? T'as couru devant les balles Dany pour nous sortir ça ? T'as vu ta vitre de Pôle-Emploi se consteller d'impacts de balles ? Alors tu veux dire quoi avec ton ennemi ? Quiconque ne serait pas Charlie, grosso merdo, serait ton ennemi ?
Hélas c'est très vite devenu la norme, et on s'est mis à emprisonner des poivrots, des idiots, et presque quelques enfants.
On est entrés dans cette phase d'imposture du deuil, où les médias de masse pleurent officiellement les leurs tombés pour la liberté d'expression alors que ces membres de leur corporation n'intéressaient en fait plus guère de monde, que leur tirage était moribond et qu'ils n'inquiétaient plus grand monde non plus, nettoyage de Val aidant... (Et non, en effet, ni les unes de Hara-Kiri ni les sketchs de Desproges sur les Juifs ou le cancer ne pourraient sortir actuellement. Digression ONPC : Bernard Mabille chez Ruquier le 28 mars 2015 raconte une blague, du genre « [le mariage gay], ça change tout dans les familles, vous imaginez le gosse qui va voir son père dans la salle de bain, le père est tout nu et le gosse lui dit « Oh papa, t'as une grosse bite » et l'autre lui dit « Attends de voir celle de ta mère » ; Ruquier de s'empresser d'ajouter « C'est drôle, quand on sait qu'on ne peut pas soupçonner la personne d'homophobie, elle est drôle. » WTF ?!!!!!!! Ok, c'est la norme maintenant, comme tu le fais tout au long de ton/tes livre(s), on doit apparemment absolument préciser après un trait d'esprit que non, on n'est ni raciste, antisémite, islamophobe, homophobe, pédophobe ou -phile, etc... Ou on passe pour le méchant facho de service... Fin de la digression.)
Et cette phase (d'imposture du deuil, je suis revenu au sujet précédent, faut suivre) se poursuit encore : il reste un nombre non-négligeable de vitrines indécentes arborant encore leur petit panneau solidaire ; on voit encore paraître des recueils de dessins ou de texte « pour la liberté d'expression » parfois même avec la mention de bénéfices reversés pour les familles des victimes. Mais de quelles victimes parle-t-on en fait ? Et si sur la vingtaine de millions d'euros ramassée ainsi on en reversait pour des ateliers théâtres à destination des jeunes défavorisés ? Je sais bien que ça n'arrivera pas ; je sais bien que ça ne solutionnerait pas grand chose non plus. Mais les « victimes » ne sont-elles que celles que les médias nous proposent ?
Alors même si j'ai presque été Charlie, je me retrouve bien dans ton texte ami-camarade Vaquette.
J'ai commis un dessin aussi, où Cabu demande à Wolinski s'ils n'y seraient pas allés trop fort pour relancer les abonnements, Wolinski de lui répondre qu'il fallait bien trouver un truc pour partir en retraite... Je ne suis pas allé aux rassemblements, ni le jour même, ni le dimanche qui a suivi ; et j'ai failli m'étrangler avec mon café dominical quand j'ai vu que ces manifestants Charlie applaudissaient les flics. Nan mais allô quoi, tu butes des jeunes on t'applaudit, qu'elle dirait la pin-up siliconée si ce monde s'approchait un tant soit peu d'un idéal cohérent. J'ai vomi mon dîner devant les témoignages satisfaits que les coupables aient été abattus, froidement, comme de la bidoche, repaissant les forces de l'ordre de leurs pulsions western, règlement de compte à OK Kasher.
Le triomphe de la bien pensance. Cela fait quelques temps que ça traîne. Ces Charlies n'auront qu'accéléré un processus en cours. Le Professeur Rollin en parle dans son dernier spectacle. Il le résume à peu près comme ça, même si les limites de ma mémoire m'empêchent de le citer avec l'exactitude que mon perfectionnisme de littérateur choucroutiste exigerait : « La bien pensance c'est quoi ? C'est que moi, informé, cultivé, éduqué, j'ai raison, et que toi, tu as tort. » Du coup, en effet, comme le dit très justement ton texte, ami-camarade Vaquette, ces Charlies ont d'une certaine manière donné quitus à l'islamophobie, autorisé ce racisme ordinaire, cette intolérance du « bougnoule » car il y a bien deux poids, deux mesures. Mais ça fait du bien à ces masses qui peuvent encore mieux dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas... Personne n'y échappe. Ou plutôt personne de normal, personne de Charlie... Je ne te parlerai pas de mes réunions de famille, parfois nauséabondes, je me mets dorénavant à la table des enfants et refuse discrètement mais sûrement la compagnie de mes frères, sœurs, beaux-frères, belles-soeurs, oncles, tantes, cousin(e)s, et pièces rapportées diverses tant leur discours convenu me révulse d'idioties banalement xénophobes.
Mieux que la coupe du monde de foot comme événement fédérateur : une nouvelle église, heureusement moins durable que d'autres, quoique. C'est encore plus fédérateur que ce dimanche soir de 2002 où des milliers de jeunes abstentionnistes sont descendus dans les rues pour dire non à Jean-Marie. C'était drôle, ça. « Quand l'évidence est absurde, l'absurde devient évident » disait Daumal (L'évidence absurde, 1926-1934, essais et notes 1, René Daumal, Gallimard, 1972).
Digression coupe du monde : pas la dernière, ni celle d'avant, la grande, la fédératrice BBR, celle de 1998 : autant avouer tout de suite que, même pas footophobe, ça me laisse juste froid. Vingt-deux gars payés quelques PIB de pays en voie de développement pour courir après une baballe en ahanant diverses éructations, ça me laisse complètement froid. Mais à l'époque, je n'avais pas grand chose à me mettre sous le gland, ou autour pour être plus précis, et j'étais jeune, si ça peut servir de circonstances atténuantes, et je traînais mes boules avec une demoiselle qui passait son bac cette année-là (ou celle d'après en fait, en 1999). En philo, elle tomba sur l'énoncé « En quoi un événement devient-il historique ? » Intéressant, n'est-il pas ? Tu crois qu'elle aurait parlé de la chute du mur de Berlin dix ans plus tôt ? Tu crois qu'elle aurait parlé de mai 68 ? De l'incendie du Reichstag ? De l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand ?
Non, cette petite conne a parlé de la coupe du monde de foot, gagnée l'année d'avant par cette merveilleuse équipe BBR... Fin de la digression foot.
Ton interprétation de ce schisme (t'as vu comment j'esquive la fracture sociale ou l'apartheid ?) entre les jeunes de banlieues et les autres est intéressante. Mais en effet, elle ne date pas d'hier, ni même de début janvier, je me rappelle il y a une dizaine d'années, j'habitais encore ma téci à Nanterre, j'avais mon lot de palpations de sécurité avec pesée des testicules plus ou moins appuyées par nos amis les condés. Alors étudiant en arts, j'ai cherché un boulot, entre autres dans les galeries qui parfois publiaient des offres. (Ouais, ouais, tu dois te dire, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de sa vie là, il veut en venir où... ?) Je ne sais pas si j'ai gardé quelque part le mail de réponse que j'ai reçu à une de mes candidatures dans ces hauts lieux d'art et de culture. C'était un poste un peu fourre-tout, accueil de public, balayage de salles, branlage de directeur, comme d'hab somme toute, j'avais les compétences requises, et même plus, et la réponse qu'on me fit fut celle-ci : « Merci, mais on va préférer prendre quelqu'un de plus proche... »
Euh... Mec, ta galerie est à dix minutes à pinces des Halles, j'ai douze minutes de RER pour faire le trajet, j'suis à cinq minutes de la gare, donc en vingt-sept minutes je peux être chez toi, et tu trouves ça trop long ? J'ai pas de nom à consonance particulièrement étrangère, j'm'exprime plutôt bien, j'ai pas de problèmes de codes comportementaux ou vestimentaires et tu me proposes même pas un entretien parce que tu préfères quelqu'un de plus proche ? Sympa... Et j'ai régulièrement galéré pour trouver des boulots tant que j'habitais dans cette cité. Je n'y suis plus, je galère toujours un peu, mais pour d'autres raisons. Plasticien, ou assistant de réalisation artistique, assistant polyvalent, ça fait toujours un peu bizarre sur le CV pour les boulots normaux, mais ça fait clairement moins désordre d'avoir une chambre de bonne prêtée par un proche et du coup une adresse intra-muros, qu'une adresse dans une téci pourrie du neuf-deux. Donc oui, méga-clivage de ouf juste sur la base du code postal, même pas un délit de sale gueule, même pas d'écart linguistique, de « Elle est bonne ta meuf » ou de « Wesh gros, tu me donnes un taf ou quoi ? » J'imagine parfaitement le sommaire dialogue entre le tenancier et le proprio devant mon CV et ma lettre de démotivation, un simple « Il est en banlieue... ça va pas marcher... bon courage pour les recherches... »
A force de refus, d'exclusions, de marginalisation (et contemplant les icônes gangstarisantes), beaucoup seraient tentés de prendre les armes, d'autres choisissent l'immolation. Choisis ton camp, camarade, choisis la teneur de tes dommages collatéraux... Il faudrait tout de même un sacré bouleversement urbanistique pour qu'une véritable mixité sociale se mette en place, que chacun apprenne les codes de l'autre, et qu'un véritable « vivre ensemble » s'instaure. Pas un « Vis comme moi » comme veulent bien le prôner nos chers politiques, non, mais un « vivre ensemble » véritable où chacun accepte les différences de l'autre. Je sais, je sais, je suis trop idéaliste. Et on est en fait dans la Ferme des animaux : si tous les animaux naissent libres et égaux en droits, certains le demeurent plus que d'autres...
Je suis définitivement pour cette liberté d'expression totale et absolue que tu proposes en ce qui concerne les œuvres d'arts et de pensées. Ces lois, comme la programmation militaire ou concernant la supervision d'internet, me font peur (mais peur à m'équiper en VPN, pas arrêter d'écrire, peindre, vivre ou penser), et la machine est en marche, à reculons ; on commence par filtrer ce qui est catégoriquement « mal » (pédophilie, terrorisme, extrémismes divers) puis on filtre ce qui peut heurter certaines populations ; la Grande-Bretagne s'y engouffre allègrement et a par exemple commencé l'année dernière par tenter de filtrer le porno, puis avait décidé d'opter pour une sorte de case à cocher (du genre oui je veux du contenu adulte et moralement douteux raccordé à la clause j'accepte qu'on se serve de cette croix cochée contre moi dans un tribunal si d'aventures je me retrouvais inculpé de quelque exaction un jour). Je ne sais pas où ils en sont arrivés finalement mais cette année ils ont interdit sur le sol britannique la réalisation et la production de films ou vidéos de certaines pratiques (fist, face-sitting, sm)... C'est pour l'instant une niche, ok. Mais qui va les empêcher ensuite d'interdire de filmer la sodomie ou la levrette, si la reine ou certains lobbys finissent par décréter que c'est dégradant pour la femme (ou l'homme) ? Qui va les empêcher d'ensuite interdire les pratiques mêmes et plus seulement leurs représentations. Quid de la France ? Parce qu'avec un consensus de Charlie qui valide « Oui, je ne dois pas utiliser le mot bougnoule, bicot, youpin, nègre, pédé, enculé, gouine » (liste non exhaustive), bientôt on aura plus que les Petits Poneys à la télé, et encore, certaines associations d'équitations trouveront bien le moyen de trouver ça dégradant pour l'image de leur compagnon de jeu favori et on se retrouvera avec rien, un rien encore plus abyssal qu'actuellement. Dans le drolatique mais prophétique film "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" du regretté Jean Yanne (le Jean Yanne des années 70, pas celui des Grosses Têtes, stp) il y a cette séquence où Daniel Prévost meuble l'antenne de manière politiquement correcte avec une émission faite par et pour des faux-culs : « Et quand je dis "Comment allez-vous mon cher ami", ce n'est pas seulement pour dire "Comment allez-vous mon cher ami" mais bien, "Mon" "Cher" "Ami". Parce que "Mon cher ami" c'est bien "Mon cher ami" et pas "Mon cher ami" comme "Mon cher machin", non. C'est vraiment "Mon cher Ami" parce que "Mon cher ami" c'est vraiment "mon", "cher", "ami"... Comprenez-vous mes chers amis ? », etc.
En tant que plasticien aussi je rêverais de cette liberté d'expression que notre époque semble pourtant si prompte à éloigner. Je ne compte plus les fois où des proches m'ont « déconseillé » de diffuser tel ou telle toile ou collage, s'inquiétant de ce qu'« on » pourrait en penser ou en dire... Jusqu'à un cinglant « Mais tu vas te faire tuer !!! » de mon propre paternel... Moralité je me diffuse peu, je tire mes livres à la main, je ne vis absolument pas de mon travail et je courbe l'échine en avalant ma couleuvre et en « jouant » au technicien tertiaire après avoir bouffé plus que de raisons des contrats d'intérim. Ça fait mal quand même... Tout ce temps perdu dans un travail « normal ». Feindre la soumission à la hiérarchie et parfois même l'enthousiasme au travail alors qu'on n'a que l'envie de s'enfuir, de hurler, de leur montrer le t-shirt que l'on cache en-dessous « Il n'y a pas de méchant système, il n'y a qu'une somme d'individuelle lâcheté. » Lâcheté que j'exerce également du coup. Lâcheté que je pratique au quotidien quand je vais pour ma semaine de trente-cinq ou quarante heures maudissant cette divergence d'« opinion artistique » entre le monde et moi. Feindre la soumission dans l'espoir de s'extirper un jour de la chambre de bonne dans laquelle je survis... Tu parles à un moment de passer sous les Fourches Caudines... Le « travail » comme passage sous les Fourches Caudines, c'est pas mal aussi... Pas notre « vrai » travail, le sacerdotal, mais le travail commun, au sens Charlie du terme... Mais je me suis encore égaré à te raconter ma vie. C'est que tout livre a besoin d'un contexte. Ou même plusieurs. Un pour l'écrire, et un pour le lire. « Il faut être deux pour une image. » (JLG) « Pour un livre aussi, banane. » (GD) On le recevra tous avec un contexte, un vécu différent.
Alors ami-camarade Vaquette, tu nous annonçais un brûlot, je ne trouve pas que cela en soit un. Tu es certainement à des milliers de lieues de tes contemporains, mais c'est pour ça que j'apprécie ton travail et que, alors que ça doit faire une dizaine d'années maintenant que je t'écoute, te regarde, et te lis (en empruntant, copiant, piratant, comme un enfoiré sans tunes), avec les quelques sous que je ramasse en avalant mes couleuvres désormais, j'achète tes œuvres, parfois même en double pour les offrir à droite à gauche (ok, surtout à gauche).
Tu nous annonçais un brûlot, mais je lis plutôt un essai, peut-être un peu pamphlétaire parce que ton son de cloche va à l'encontre du glas qu'on tenterait de nous engoncer dans le gosier dans l'espoir que ça tue les derniers neurones en place.
Je lis un essai qui avait besoin d'exister car si tu ne l'avais pas écrit, qui aurait tenté ?
Je déplore seulement une chose, c'est que la plupart des tes lecteurs ne seront vraisemblablement pas ceux qui en auraient le plus besoin. Le Dupont-Lajoie à qui il faudrait vraiment ouvrir les yeux, il ne lira peut-être jamais ton livre, n'écoutera pas tes chansons, n'ira pas à tes spectacles ni ne les regardera en DVD ou même sur Youtube... Et ça c'est moche. Dans mes rêves les plus fous, on apprendrait que Mocky a vraiment la formule du produit brouilleur de télé utilisé dans la Grande Lessive, ou quelques hackers bienheureux piratent la fibre de toutes les box de France et de Navarre et ton spectacle J'veux être grand et beau se retrouve à 20h50 sur tous les écrans, dans tous les foyers. Ils seraient même capables de le laisser tourner, trop la flemme de changer de chaîne. Dans un autre rêve, les écrans publicitaires qui ne manquent pas de fleurir dans les espaces urbains et suburbains diffuseraient la Conjuration de la Peur et les radios de supermarchés se feraient à leur tour hackées. Et puis on se mettrait tous à se faire des bisous et puis on s'enfile tous jusqu'à abattre le dernier hévéa pour fabriquer la dernière capote de l'humanité. Et on s'éteint tous dans un dernier orgasme, une dernière éjaculation mondiale qui atterrit dans le fond d'un boyau, sur le dos du voisin, retourne à la terre nourricière ou s'écrase mollement sur le casque abandonné d'un CRS parti lui aussi baiser dans les fourrés. Et l'humanité s'éteint. Et la terre est sauvée.
Merde. J'me suis carrément égaré là...
Mais accroche-toi ami-camarade. Ne te décourage surtout pas, ça serait trop dommage. J'ai hâte de lire ton prochain roman. Merci et bravo pour ce "Je ne suis pas Charlie". Et tant pis pour les pisse-froids.
Cordialement.
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Je ne suis pas peintre, je ne suis pas littérateur, je ne suis pas musicien, je ne suis pas professionnel, je ne suis pas amateur. Or, dans ce monde laissé pour compte, il n’y a plus que des spécialistes. Les spécialités séparent l’homme de tous les autres hommes. (Francis Picabia)
(G. D.)
Cher IndispensablE,
Après lecture, puis relecture de ton livre, je me décide enfin à écrire.
Parce que c'est pas si évident. Il semble qu'il est toujours plus facile de cracher sur les fripons que de saluer les braves. Et pour le coup, en prenant ton texte dans la gueule et en voyant les réponses de lecteurs rivalisant toutes d'envolées lyriques, on se dit qu'il est quand même de bon ton d'éviter le "7 mots et 12 fautes d'orthographes". Même si rien n'est de bon ton chez toi, et c'est ça qui fait du bien.
Un livre "nécessaire" et "salutaire". C'est pas faux. Mais au delà de ça, c'est surtout l'expression d'un désir profond (et profondément naïf) de liberté, avec l'intelligence en plus. Un truc qui raisonne quoi. Je ne vais pas me risquer à une analyse sociologique en partant de ton bouquin, parce tu as déjà tout dit (et bien dit), alors évitons-nous des redondances inutiles. Et puis, au delà de ça, c'est sans doute mon côté pucelle effarouchée, je préfère exprimer des ressentis plutôt que des avis. Il me semble qu'un lecteur a souligné le fait que ta démonstration semblait "manquer d'humanité". Et pour le coup, je suis pas d'accord. Outre le texte et son propos, qui confine au bon sens le plus rudimentaire quand on y pense, il y a la sensation de moins se sentir seul. En tout cas, c'est l'effet que ça m'a fait. D'ailleurs, ça se ressent dans les retours des autres lecteurs. Il n'y a qu'à voir le style et le coeur que tout le monde y met, et c'est grosso modo ce que j'exprimais plus haut, quand on a Vaquette en face de soi, on n'a pas envie d'écrire de la merde. Il faut croire que tu inspires les gens (pucelle effarouchée, j'ai dit) qu'ils soient d'accord avec toi ou pas. Et ptêtre bien que tendre à révoquer totalement et entièrement ses propres lâchetés quotidiennes, ça aide les autres à faire de même. Je sais, c'est capillotracté et outrageusement optimiste.
Tout ça pour dire qu'au delà du propos, de la marrade, de la réflexion et du style, ton livre fait du bien. Je pense sincèrement que c'est ce genre de textes qui nous évitent de penser mou, qui nous rappellent qu'il est nécessaire plus que jamais de cracher dans la soupe. Alors j'en profite pour te remercier de mettre autant de rigueur et de morale dans ton choucroutisme. Et surtout, continue de ne pas être une reusta, ce n'est pas vain.
Bien à toi.
PS : Radio Libertaire, on les encule.
(L. M.)
Salut ami-camarade Vaquette !
Déjà pour commencer, l’esthétique du bouquin a de la gueule, et incite à la lecture.
Le bouquin est très bien écrit, et j’avoue qu’une fois lancé, je l’ai terminé d’un trait, avec beaucoup de plaisir.
Difficile d’émettre pour moi une critique quant à son contenu, puisque, je partage complètement ton analyse à propos de ces récents évènements tragiques, mais également aussi bien, à propos de leurs causes que de leurs conséquences.
Je tiens à préciser que ton argumentation est fondée sur une logique implacable, et c’est selon moi ce qui fait la force de ton livre.
Ce qui m’a frappé, c’est que ton livre n’est selon moi, ni un brûlot, ni un pamphlet, à proprement parler, mais simplement et véritablement l’expression du bon sens, d’une honneteté intellectuelle (si rare !) et il traduit un humanisme profond et une certaine forme de sagesse finalement chez toi (sur le plan humain bien entendu, et certainement pas d’un point de vue hiérarchique, je parle bien ici de raison, de courage, de désir de justice, d’équité et de liberté et en aucun cas d’une quelconque forme d’obéissance, ci ce n’est à tes propres principes, dans un soucis d’honneteté intellectuelle comme je l’ai déjà précisé précédemment).
J’en étais déjà convaincu, mais la lecture de ton livre m’a conforté aussi dans l’idée que, si la défense de la liberté d’expression (et de la liberté tout court d’ailleurs) à la sauce “Je suis Charlie” n’est rien d’autre qu’une pathétique pantalonnade finalement (une imposture, une fumisterie, une mascarade, appelez-ça comme vous voulez...), la devise de notre République, érigée au rang de patrimoine national, à savoir liberté, égalité, fraternité, traduit déjà à la base le meme processus de tentative de manipulation des masses, puisque de liberté il n’est nullement question et pire, actuellement on se dirige meme vers une restriction juridique supplémentaire de nos libertés fondamentales, d’égalité, il n’est nullement question non plus, parlons plutot de deux poids deux mesures, et de fraternité, là encore il n’est nullement question, parlons plutot d’incitation à l’individualisme et/ou au communautarisme.
Pour terminer, je recommanderais juste vivement la lecture de ton livre, aussi bien à celles et ceux qui se retrouvent dans l’élan national estampillé “Je suis Charlie”, qu’à celles et ceux qui sont plus mitigés ou plus critiques à ce propos.
(M. C.)
Ce mail fait suite à un premier rédigé avant lecture et que je livre également ici sans savoir si c'est exagérément digressif :
Salut Vaquette,
Je suis impatient de lire ton bouquin “Je ne suis pas Charlie, je suis Vaquette” (que j’ai eu la bonne idée de commander hier)...
Je me permets de t’envoyer ce mail suite à la visualisation de ton interview de 2012 sur la censure que j’ai vraiment appréciée !
J’ai envie d’avoir ton avis par rapport à l’analyse que je m’étais faite à propos de la liberté d’expression à la sauce “Je suis Charlie” et de tout ce que ça englobe. Bien entendu dès que j’aurai lu ton bouquin, je n’hésiterai pas à t’envoyer un mail pour faire part de ce que ça m’aura apporté (j’ai aucun doute là-dessus, d’ailleurs je tiens à préciser que ça m’a pris une demie-journée pour bien rédiger ce mail, et quand je vois que ton bouquin fait 136 pages sur le sujet, je me languis d’avance...)
A vrai dire, mon analyse concernant l’élan national estampillé “Je suis Charlie” que nous avons subi, suite aux attentats perpétrés récemment en France, est que tout cela ne relève que d’une vaste fumisterie, d’une imposture, d’une mascarade. On nous a immédiatement parlé de liberté d’expression comme d’un pilier des valeurs républicaines de la France, on nous a parlé d’unité nationale, on nous a parlé de lutte contre le terrorisme, on nous a aussi parlé d’antisémitisme, on nous a expliqué que les musulmans étaient majoritairement opposés au terrorisme, et puis on nous a incité aussi à aimer la police, tout ceci afin d’“être Charlie”...
Si “être Charlie”, c’est etre infantilisé de la sorte, je ne serai donc pas Charlie, d’autant plus qu’à ce niveau là, j’ai clairement l’impression d’etre pris pour un lapin de 6 semaines...
La liberté d’expression à la sauce Charlie hebdo, de mon point de vue, ne s’inscrivait pas dans une optique subversive, mais plutot dans une optique clientéliste, autrement dit, dans un contexte national, et meme mondial, où il est de bon ton, voire même tendance, de stigmatiser l’islam et les musulmans, (auparavant l’ennemi désigné par l’occident était le communiste, désormais c’est devenu l’islamiste...) la ligne éditorialiste de Charlie hebdo sous l’ère Val n’a fait que suivre le sens du vent... On m’a expliqué alors que Charlie hebdo tapait sur toutes les religions, qu’il n’y avait aucun acharnement contre l’islam et les musulmans en particulier, et que dans une république laique, c’était indispensable (ça l’était surtout devenu depuis les attentats meurtriers, parce que si on regarde l’état financier de ce canard avant ce drame, force est de constater que ça n’intéressait pas grand monde...)
Pourtant Siné s’était bien fait virer de Charlie hebdo soit disant pour un dessin antisémite (comme antisémite notoire, on a connu pire que Siné à mon humble avis, mais bon...), dessin qui visiblement n’entrait plus dans le cadre de la sacrosainte liberté d’expression dont Charlie hebdo est pourtant devenu le symbole national...
En ce qui concerne les caricatures du prophète, à défaut d’etre subversives, elles n’étaient de plus, pas drôles, et donc on peut considérer qu’elles n’avaient pas grand interêt, ceci étant, si on considère qu’elles s’inscrivent dans un processus de liberté d’expression, les musulmans qui se sont sentis humiliés (à tort ou à raison, peu importe) par ces dessins, doivent encore avoir le droit de l’exprimer, puisque là encore, ça relève du meme processus de liberté d’expression finalement, et pourtant ça n’a pas été présenté de la meme façon, d’un coté les caricatures relevaient de la liberté d’expression et étaient érigées comme étant un fondement essentiel de la république française, et de l’autre, les ressentiments exprimés à ce propos par bon nombre de fidèles musulmans relevaient uniquement de l’obscurantisme...
Je me suis fait un parallèle à ce propos entre certaines des caricatures du prophète, et les caricatures qu’on pouvait voir dans les années 30 où un juif était représenté avec le mot “traitre” écrit sur le front...au final si on prend en compte le contexte inhérent à ces caricatures, ni l’une ni l’autre ne sont subversives, ni l’une ni l’autre ne sont drôles, mais par contre si une de ces caricatures des années 30 étaient de nouveau publiées, ça ne serait plus de la liberté d’expression et ça serait soit censuré, soit jugé au tribunal (ce qui n’est bien entendu pas le cas concernant les caricatures du prophète dans notre contexte actuel...).
Enfin pour en finir avec cette parodie de défense de la liberté d’expression, quand j’ai vu toutes les huiles présentes en tête de cortège de la marche républicaine estampillée “Je suis Charlie” (il y avait là les plus grands défenseurs de la liberté d’expression et de la presse de la planète, incontestablement...), je pense qu’on ne pouvait pas faire mieux pour vider la liberté d’expression de tout son sens, sans parler des hymnes à la gloire de la police entonnés par bon nombre de manifestants qui résonnaient comme le coup de grâce...
Vient maintenant cette fable d’unité nationale...
On nous a vendu le package terrorisme-intégrisme-islamisme-djihadisme, à toutes les sauces depuis quelques années, sans dissocier ces 4 éléments qui sont pourtant bien différents, distincts et spécifiques (et d’ailleurs en ce qui concerne la définition du djihad, ça n’a strictement rien à voir avec les conflits qui font rage en Syrie et en Irak actuellement, mais par contre c’est bien pratique médiatiquement pour véhiculer l’idée que l’islam est avant tout une religion dogmatiquement sanguinaire, violente et guerrière et à fortiori que les musulmans sont des barbares...), tout ça pour finir par nous expliquer que les attentats qui ont eu lieu en France relèvent avant tout d’un problème islamo-arabo-musulman... pourtant de mon point de vue, ces attentats relèvent avant tout d’un problème franco-français, et si on voulait vraiment favoriser une certaine forme d’unité nationale, force est de constater qu’il aurait fallu déjà commencer par poser la problématique en ces termes.
Les attentats ont bien été commis par des Français, en France, et ont visé des Français, ceci dit on nous a expliqué que ces actes avaient été avant tout commis par des musulmans, avant d’insister sur le fait que les musulmans dans leur majorité condamnaient ces atrocités (sans blague... non seulement on nous prend vraiment pour des lapins de 6 semaines, mais en plus ça sonne comme l’argument qui consiste à prouver qu’on n’est pas raciste puisqu’on a un excellent ami arabe...), et puis on nous a parlé d’acte antisémite (à propos de l’épicerie kasher, pourtant quand un des policiers de confession musulmane pour ne citer que lui, a été exécuté, là on n’est pas venu nous parler d’acte islamophobe...) et au final on demande aux français (enfin il faut comprendre aux français issus de l’immigration de confession musulmane surtout) de faire preuve d’unité nationale, en n’oubliant pas tout de meme d’insister sur la menace antisémite qui règne... surréaliste !
On pourrait aussi s’attarder sur le profil des auteurs de ces attentats... ce sont tous des français de cité qui sont passés par la case prison... au final, les services de renseignements français savaient pertinemment que ces personnes avaient été endoctrinées et s’étaient rendues au Yemen puis en Syrie, mais tant qu’elles étaient sensées aller crever en Syrie en combattant l’armée de Bachar, c’était tout bénéf, sauf que depuis, Bachar est devenu incontournable dans la lutte contre l’état islamique, et surtout ces moudjahidines (puisque djihadistes ça ne veut rien dire) reviennent... autrement dit tout ça aurait pu etre évité, mais vu que ça impliquait des français de seconde zone après tout... (l’unité nationale à géométrie variable somme toute...).
Je constate donc que la lutte contre le terrorisme n’est ici une fois encore qu’un leurre, n’ayant pour but que d’entretenir un climat de peur et de tension, afin de réduire d’avantage nos libertés fondamentales mais si on regarde de toute façon les interventions françaises en Afghanistan, en Lybie et au Mali précédemment, force est de constater qu’elles n’avaient pas pour but d’éradiquer les groupes terroristes, ni d’apporter la sécurité aux populations civiles locales... une enquete vient d’ailleurs de prouver que 40 pour 100 des armes détenues par Boko Haram en Afrique de l’Ouest étaient de fabrication française...
Pour finir ma réflexion sur ces évènements et cette pantalonnade estampillée “Je suis Charlie”, j’ai été récemment témoin sur les réseaux sociaux d’un acharnement dont a été victime un de mes amis.
Pendant la déferlante “Je suis Charlie”, nous avons partagé quotidiennement des BD de GLORY OWL, qui reconnaissons-le, étaient hilarantes, en présentant ces publications sous le titre “Je suis Glory Owl”... ça nous faisait marrer, et surtout c’était vraiment très drôle, ça nous correspondait !
Mon ami, suite à ça, a subi des critiques, puis des insultes puis des menaces en mp, à propos de ces publications, sous prétexte qu’il faisait l’apologie de la pédophilie, de la stigmatisation des personnes handicapées et de tout un tas de conneries ridicules (nécrophilie, zoophilie etc...), la censure était en marche, d’autant plus que ça a donné suite à des signalements de son compte à la “police” de Facebook à outrance, qui le menace de sanctions à propos de son compte s’il persiste à publier du Glory Owl (alors qu’ils ont une page qui marche très bien mais bon tout ceci est complètement absurde et ridicule de toute façon...).
Là où ça devient comique (on a pris le parti d’en rire !), c’est que la grande majorité des personnes à l’origine de ces agissements aux relents néo-vichystes se revendiquent comme “étant Charlie” depuis la première heure, et/ou comme étant antifascistes...
Ami-camarade indispensable,
Voici mon commentaire promis sur ton maxi pack promo :
J'avais une légitime appréhension quand tu évoquais l'aspect chanson hip-hop de 35 mn du CD (pas du tout mon genre de musique, plutôt cold, indus mais en même tant la prouesse m'interpellais), la 1ère chanson me rassure et le plat de résistance me laisse sur le cul (jouissif chef d'œuvre musical et textuel !).
J'attaque le bouquin le sourire aux lèvres et ça démarre fort mais très vite (un peu ensuqué) je ne comprend plus très bien ce que je lis avec toutes ces parenthèses, virgules et phrases de 3 km mais bon je persévere et peu à peu on s'habitue et un certain sens ce fait jour ... et c'est passionnant et ô combien pertinent. Et le 2nd bonus miam miam.
Bref transformé en fan bêlant, il me faudra bientôt ton roman et autres chansons !
Amicalement,
(P. B.)
Ami-camarade Indispensable, Docteur Vaquette,
- avertissement, clavier QWERTY, je n'ai pas d'accents dessus, desole pour l'inconfort -
Je te fais comme promis une premiere transcription (tardive il est vrai, j'ai du aider ma dulcinee dans la redaction de son memoire) de ma lecture de ton ouvrage.
Je suis ton parcours depuis que je t'ai decouvert sur la compil "Mort aux Ludwig" et j'apprecie ton travail. Je manquerais donc forcement d'objectivite dans mes propos.
Ton livre a d'abord comble mes attentes en terme de fidelite (toi-meme: "plus j'vieillis, plus j'suis radical", je respire, t'es pas pres d'etre Renaud) et de coherence vis-a-vis de ton Oeuvre, la forme continue d'evoluer sans corrompre le propos.
Sur le propos, je veux pas faire rabat-joie, mais tu le sais (tu le dis), tu radote souvent. C'est interessant a chaque fois tant ta verve unique sert tes coleres, tes idees, tes ambitions a merveille, mais si on est deja un fidele du grand Mythe vaquettien, certains passage tiennent de la redite, le controle social par la peur par exemple que tu developpais deja bien dans "Crevez-Tous".
J'ai particulierement apprecie le petit passage "breves sociologie de l'islamo-racaille-terrorisme, ou comment construire un ennemi interieur pas cher, (contient 76% d'amalgames)", ayant deja prete le livre (proselyte ? parce-que tu le vaux bien...) je ne peux te sortir les passages precis, mais je l'ai trouve empreint de verite et tres inspirant.
Le cote dystopique de ta vision de l'avenir (si tout continue comme ca) est certainement la chose que tu as en commun avec le plus monde, mais la grosse difference c'est que le monde se rabat du coup sur son passe alors que meme s'il semble desespere, tu continue de vouloir un autre avenir (de ce que j'ai ressenti, sinon pourquoi ecrire meme le livre ?). C'est assez rare d'entendre ce genre de discours, meme si de nouveau on le trouve deja dans le reste de ton Oeuvre.
J'aime beaucoup le format petit pamphlet, relativement rapide a lire et a faire tourner, condense d'idees et de sagesse (au sens de sage bien sur). Tellement condense que les digressions et autres interventions ne sont a mon avis pas toujours claires et ont parfois brise le fil de ma reflexion. La couverture est douce au toucher et ca, c'est un vrai plus (sans ironie aucune) !
Bref, c'etait un bon Vaquette, inscrit dans l'actualite, mais je garde de l'enthousiasme pour le roman (qui promet d'etre excellent, peut-etre un prix litteraire ?, un tour du monde, Vaquette en 38 langues ? Vaquette dans les livres scolaires des la 6eme ?).
Ami-camaradement,
Bon courage pour tout,
(N. R.)
Salut Vaquette !
J'ai lu ton brûlot courageux et intelligent avec plaisir et intérêt (je me suis même jeté dessus dès réception). Je partage complètement (ou presque) tes points de vue : en particulier sur le véritable sens de la liberté d'expression (qui consiste précisément à tolérer l'expression de ce qu'on ne peut ou veut pas souffrir d'entendre) et le mépris universel dont elle est aujourd'hui victime, et ton analyse des manifestations qui ont suivi l'attentat de Charlie Hebdo. S'il me paraît difficile de mettre une interprétation en avant, il me semble quand même que l'abîme que tu évoques entre les codes comportementaux et valeurs de la France des "braves gens" et ceux des banlieues a joué un grand rôle dans l'ampleur de ces mobilisations.... En tout cas il est sûr que la défense de la "liberté d'expression" n'a été tout au plus qu'un prétexte, qu'un masque glorieux à des sentiments pas très glorieux, si tant est qu'on veuille bien prendre ce terme au sérieux.
Dans l'excellent spectacle "J'veux être grand et beau" que j'ai pu découvrir par la même occasion, tu dis : "Mon ennemi, c'est pas les fascistes, ou les communistes, ou les croates, mon ennemi, c'est les braves gens normaux qui, comme toi, prudents et raisonnables, ne seront jamais des saints, et jamais des grands criminels, et qui, jamais, n'aspirent à l'absolu." En écoutant ces paroles, je me suis rappelé, après les attentats, avoir eu une réflexion assez similaire : mon ennemi, me suis-je dit, c'est pas les terroristes, ces vilains terroristes que l'on me demandait de haïr (et de me réjouir de leur mort), mais les "braves gens normaux", ceux-là qui se prennent pour les gentils, qui se croient innocents, ceux-là qui sont en train de crier qu'ils sont "Charlie"... Ces "braves gens normaux" qui ont toujours cautionné et prêté main forte au pire terrorisme : celui des Etats, des gouvernements, celui qui s'exprime notamment dans la violence de la police et de la "justice", dans les guerres prétendument pour la démocratie, celui qui peut commettre de véritables génocides par l'entremise d'embargos économiques. Ces "braves gens normaux" à qui l'on doit les pires crimes commis dans l'histoire. Ces "braves gens normaux" qui acceptent les pires injustices sociales, économiques, qui tolèrent et ne voient nul crime dans le fait que des gens puissent être acculés à la mort par manque d'argent.... Ces "braves gens normaux" qui sont toujours bien contents de trouver des méchants de service, tels les frères Kouachi, pour évacuer sur eux toute leur mauvaise conscience...
Comme toi, j'ai été consterné par tout ce torrent de bêtise, de mensonge et d'hypocrisie qui a suivi l'attentat contre Charlie Hebdo... Quelques minutes à écouter les médias et à parcourir les "réseaux sociaux", et j'avais déjà envie de crier que "je n'étais pas Charlie", pour me démarquer de toute cette horde d'hypocrites qui font les vierges effarouchées alors qu'ils cautionnent quotidiennement des violences plus terribles encore et qui sont pour quelque chose dans les actes des frères Kouachi. Je n'avais aucune envie d'aller manifester avec tous ceux-là qui ne trouvent et ne trouveront jamais rien à redire des victimes du terrorisme étatique et de l'injustice organisé, qui n'ont rien eu à redire, par exemple, du sort de Rémi Fraisse ou de ces Palestiniens qui l'été dernier se prenaient des bombes sur la gueule avec le soutien du gouvernement français (et qui devaient même trouvé normal qu'on interdise de manifester ceux qui ont eu le toupet de s'en indigner !). J'ai vraiment été consterné de bout en bout dans cette affaire, le summum ayant certainement été de voir de pauvres types jetés en prison pour des paroles de travers, et ce alors même que l'on prétendait défendre la liberté d'expression !
Tu as prêché à un convaincu en ce qui me concerne mais il n'empêche que ça m'a fait vraiment du bien de lire un texte qui remet les choses à leur place, qui redonne aux mots leur sens véritable, tant on est accablés de mensonges et d'hypocrisie... On peut ne pas partager tes principes et exigences libertaires mais on doit te reconnaître une sincérité, une droiture et une cohérence qui se font de plus en plus rares... Tu ne feins pas, toi, de défendre la liberté pour mieux justifier des régressions liberticides. On peut ne pas être d'accord avec toi, mais au moins te lire éveille, nous rend les choses plus claires, bref il encourage à penser.
La lecture de ton brûlot fait aussi du bien par le ton que tu emploies, véhément, désinvolte, drôle, qui contraste totalement avec la lourdeur et la solennité dont on est censé se couvrir dès que l'on évoque le sujet. Te lire est revigorant et ce n'est pas un petit mérite tant on s'applique à nous tétaniser et nous démoraliser.
Bref, face à toute cette entreprise d'intoxication et d'intimidation qu'a été le mouvement "jesuischarliesque", une parmi tant d'autres, face à cette offensive liberticide qui se pare des oripeaux de la liberté, la lecture de ton brûlot est nécessaire... Une vraie bouffée d'oxygène dans un climat particulièrement irrespirable... Un petit îlot d'intelligence (hélas très mal cartographié) au milieu d'un océan de bêtise... Tu es un excellent pamphlétaire, mais tu es aussi un excellent pédagogue. Tu es méchant mais jamais sans tomber dans un mépris, qui serait contre-productif, pour le "Charlie" qui te lirait, ta virulence est pleine d'humanité. C'est dire que ton pamphlet est à même, me semble-t-il, de toucher les "Charlie" et à même de bouleverser leurs certitudes - et c'est vraiment son point fort.
Son point faible, c'est qu'on ne va hélas pas beaucoup t'aider à le faire connaître - mais je m'y active à mon modeste niveau !
PS : J'ai aussi pris un grand plaisir à lire "Mon éditeur est un enculé", un beau concentré de férocité et de drôlerie !
(J. L.)
À suivre...
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